Sunday, November 28, 2010

Cantonales en Vendée : le MPF de Villiers perd pieds dans son canton de Montaigu

AFP
28/11/2010 | Mise à jour : 21:44
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Le candidat sans étiquette Michel Allemand a créé la surprise aujourd'hui en gagnant le second tour de la cantonale partielle de Montaigu (Vendée) organisée après la démission de Philippe de Villiers, recueillant 50,91% des voix et battant le maire MPF de Montaigu, Antoine Chéreau, donné favori, selon les résultats de la préfecture.

Michel Allemand, classé à droite, et par ailleurs président du comité d'organisation du Mondial minimes de Montaigu, a remporté le scrutin avec 50,91% des suffrages exprimés, contre 49,09% pour Antoine Chéreau, membre du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers et proche de ce dernier, selon les résultats communiqués par la préfecture.

Le 30 novembre, le conseil général de Vendée de nouveau au complet se réunira pour procéder à l'élection de son nouveau président après la démission de Philippe de Villiers, effective depuis le 31 octobre. Sans surprise, celui qui a longtemps été son dauphin avant qu'une guerre de succession ne les oppose vivement, Bruno Retailleau, devrait prendre sa succession. A l'issue des cantonales de 2008, le conseil général de Vendée comptait 27 élus de droite (20 DVD, 2 UMP, 5 MPF) pour 4 de gauche (1 DVG, 3 PS).

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Monday, November 01, 2010

Les maux de la fin de la vie politique de Villiers (MPF)

Politique | 30 Octobre 2010 | Mise à jour le 31 Octobre 2010

La chute de la maison Villiers

Dimanche, Philippe de Villiers ne sera plus président du conseil général de Vendée. Avec sa démission, le fondateur du Mouvement pour la France signe la fin d’un règne sans partage qui se clôt dans les non-dits

Philippe de Villiers, 61 ans, s’est réfugié chez Blanche-Neige et Cendrillon. Il vient de passer plusieurs jours aux Etats-Unis, à Disney World puis à Las Vegas. Le vicomte était en quête de nouvelles idées pour son cher Puy-du-Fou, là où tout a commencé, d’où il a fait grandir sa renommée puis celle de la Vendée. C’est aussi l’endroit où il va se replier. Parmi tout ce qui comptait pour lui, le Puy-du-Fou est le seul lieu qu’il contrôle encore. Sur tous les autres fronts - sa famille, le département, la politique nationale -, il a enchaîné des revers qui se sont alimentés les uns les autres. Alors que sa démission de la présidence du conseil général prend effet ce dimanche soir, retour en sept actes sur la chute de la maison Villiers.

Le péril de Grasse (septembre 2005)

C’est à Grasse (Alpes-Maritimes) que Philippe de Villiers a perdu la Vendée. En 2005, il y lance sa campagne pour la présidentielle de 2007. Des transfuges du FN lui ont vendu une idée simple : être le nouveau Le Pen. Ses fidèles désapprouvent, notamment Bruno Retailleau, qui l’a jusqu’ici secondé dans toutes ses aventures. Coincé entre le FN et une UMP de plus en plus à droite, Villiers va perdre du terrain. En particulier dans son fief, où l’électorat reste imprégné de catholicisme social. Les élections européennes de juin 2009 confirmeront ce décrochage. Pour les entrepreneurs vendéens, l’amalgame entre leur département et le président du Mouvement pour la France (MPF) est un handicap. Ils lui sont reconnaissants d’avoir désenclavé le territoire, mais commencent à considérer que d’atout, Villiers devient boulet.

A genoux chez Nanou (juin 2007)

La comtesse Anne de Kervenoael, dite Nanou, est la cousine de Philippe de Villiers. Pendant trente ans, elle fut sa plus proche amie. Villiers, rapporte-t-elle, veut à tout prix éviter les assises à son fils Guillaume, accusé de viols par son frère Laurent. Il tente une réconciliation au printemps 2007. Laurent met une condition à son pardon: que son père aille "reconnaître devant Nanou ce qui est arrivé". Trois jours avant les élections législatives, Villiers s’exécute. "Il s’est présenté à 11 heures. Il s’est mis à genoux, là, sous le portrait de notre aïeul, le maréchal de Ségur. Il pleurait, il a dit que tout était vrai, et qu’il arrêtait la politique pour s’occuper des enfants."

Reconnu comme victime, Laurent retire sa plainte. Et pour l’écarter de cette cousine qui en sait trop, Villiers confie à Laurent un "secret de famille" qui la met gravement en cause. "Philippe est un grand comédien, affirme Anne de Kervenoael. Avant son vrai cancer de l’œil, il a prétendu qu’il avait un cancer du pancréas, puis un cancer du cerveau provoqué par les soucis." A l’automne 2007, le juge convoque Laurent pour éclaircir la raison de son revirement. "Ma famille m’a ordonné de dire que j’avais tout inventé. J’ai compris qu’ils avaient joué la comédie, se souvient-il. J’ai confirmé ma plainte."

Dans sa bulle (juin 2009)

En janvier puis en juin 2009, le sénateur Retailleau est pressenti pour entrer au gouvernement. Villiers fait barrage. Incompréhension des élites locales, qui jugent l’opposition entre les deux hommes puérile et néfaste pour leurs intérêts. "Villiers a lui-même créé ses problèmes", analyse Robert Jousset, président de la CGPME vendéenne. Il n’a pas non plus entendu l’avertissement des maires du département, un an plus tôt: les édiles s’étaient organisés pour empêcher un villiériste de prendre la tête de l’association qui les rassemble. "Il ne fallait pas le laisser tout contrôler, relate Yves Auvinet, l’heureux élu. Entouré par des conseillers obséquieux, occupé par ses projets nationaux, enfermé dans une bulle, il ne percevait plus la réalité du terrain." La fin de l’année 2009 est marquée par des vexations à l’encontre de Retailleau. "La machine à laver est lancée", comme on dit au MPF chaque fois que le président renouvelle sa garde rapprochée. Privé de la tête de liste aux élections régionales, l’ex-dauphin démissionne du parti. Villiers mute alors sa fille Caroline: assistante de Retailleau au Sénat, elle entre au service des députés MPF à l’Assemblée nationale.

Purge au Puy-du-Fou (décembre 2009)

Pour laisser les coudées franches à son fils Nicolas, placé à la tête du Puy-du-Fou, le croisé du Bocage entreprend d’écarter les figures historiques : Jean-Marie Delahaye, le président d’honneur, et Bruno Retailleau, responsable de la mise en scène depuis vingt-cinq ans. En décembre, Nicolas convoque le comité directeur. La secrétaire générale annonce la démission de "Philippe" et, par la même occasion, la "mort du Puy-du-Fou", puisque "Philippe est l’auteur des scénarios de tous les spectacles » et qu’il les a « déposés chez le notaire". Stupeur et tremblements. Nicolas réclame que soient votés un appel solennel au retour de son père et l’exclusion de "Bruno". Ce qui est fait. Mais l’épisode divise les 3.200 bénévoles. De nombreux départs s’ensuivent. La rumeur vendéenne évoque plusieurs centaines de défections. François Durand, membre du comité directeur, en reconnaît 120: "Soixante de leur plein gré, soixante contraints."

Dans la maison vide (août 2010)

Philippe de Villiers a eu quatre filles et trois garçons: ses "soldats". Caroline travaille à Paris, Marie et Bérengère ont pris le voile dans un couvent breton, Blanche serait sur le point de les rejoindre ; Guillaume est consultant à Nantes, Nicolas dirige le Puy-du-Fou, et Laurent s’est exilé aux Etats-Unis. Le néo-chouan se retrouve seul dans sa grande maison des Aubretières depuis que son épouse est partie. "La vie privée de mon père affecte sa vie publique, estime Laurent de Villiers. Il est humilié, ne peut plus se permettre de discours sur les valeurs morales, il a perdu sa crédibilité."

L’avertissement du parrain (septembre 2010)

En 1988, Yves Gonnord, le parrain du capitalisme vendéen, avait adoubé Villiers. Désormais président de la holding qui contrôle le groupe Fleury Michon, il se fend le 8 septembre dernier d’un rappel à l’ordre à son ex-champion. "Vous devriez privilégier les aides aux personnes ou secteurs en difficulté […] plutôt que de verser 2 millions d’euros par an à l’équipe cycliste Bouygues Telecom", lui écrit-il. "Les priorités doivent absolument changer." Jean-Paul Dubreuil, autre voix patronale très écoutée, pointe quant à lui "un certain déni de réalité, peut-être causé par l’aigreur: Philippe de Villiers a décidé de financer quatre collèges sans concertation avec les élus, il cherche à transformer l’association du Puy-du-Fou en business au bénéfice de sa famille, et après Xynthia il a tellement mis la pression que l’Etat a pris des décisions hâtives. ça ne va plus."

Bluff au Château (septembre 2010)

Le vendredi 24 septembre, au "Château" (le siège du conseil général, à La Roche-sur-Yon), Villiers exige de Retailleau qu’il s’engage à ne pas se présenter contre lui à la présidence de l’assemblée départementale en mars prochain. Retailleau refuse. Villiers tente alors de réitérer son coup de bluff du Puy-du-Fou. Pendant le week-end, deux de ses fidèles annoncent que "Philippe" va démissionner et qu’une seule chose pourrait le retenir: la signature d’une majorité d’élus au bas d’une lettre de soutien. Mais cette majorité est introuvable: la manœuvre est un échec. Le 30 septembre, Philippe Le Jolis de Villiers de Saintignon annonce son "effacement" de la vie politique locale en raison de "la réforme territoriale, la fin de l’autonomie fiscale, l’esprit de l’époque, les impatiences". Fin d’un règne de vingt-deux ans. Le lendemain, il est imité par un autre conseiller général: son frère Bertrand.

Epilogue

Sollicité pour commenter ces épisodes, Philippe de Villiers n’a pas donné suite aux demandes d’entretien du JDD. Le pourfendeur de Maastricht reste eurodéputé. Son parti compte aussi deux députés, un sénateur et quelques élus locaux. Il saura, le 17 décembre, si son fils Guillaume est renvoyé ou non devant la cour d’assises des mineurs. En attendant, il répète autour de lui qu’il sera de nouveau ministre dans peu de temps. N’a-t-il pas, le 11 octobre dernier, déjeuner en tête à tête avec Nicolas Sarkozy à l’Elysée?

SOURCE : LE JDD.fr Mathieu Deslandes - Envoyé Spécial à La Roche Sur Yon

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