Thursday, September 30, 2010

Sur une pirouette à la Cyrano, Villiers lâche son fief de Vendée

De Alexandra TURCAT (AFP)

LA ROCHE-SUR-YON — Président emblématique du département de Vendée depuis vingt-deux ans, Philippe de Villiers, affaibli par la guerre qui l'opposait depuis près de deux ans à son dauphin de toujours Bruno Retailleau, a fait jeudi une sortie théâtrale, en annonçant par surprise sa démission du conseil général.

Au cours des cinq dernières années, Philippe de Villiers, affaibli personnellement par des problèmes judiciaires familiaux - l'un de ses fils accusant l'autre de viol -, mais aussi par un cancer de l'oeil qu'il affirmait jeudi avoir vaincu, a également affronté, chez lui en Vendée, son presque fils spirituel.

Le sénateur Bruno Retailleau, 49 ans, meurtri par l'attitude de Philippe de Villiers, qui s'était opposé en janvier 2009, puis en juin 2009 à l'entrée du sénateur vendéen au gouvernement comme secrétaire d'Etat, a démissionné du Mouvement pour la France (MPF), le parti villiériste en avril 2010.

Plus symboliquement, M. de Villiers avait aussi chassé le sénateur de la mise en scène du Puy du Fou, le lieu même où, cavalier figurant dans la cinéscénie dès l'âge de 16 ans, Bruno Retailleau avait rencontré Philippe de Villiers qui l'avait ensuite lancé en politique.

M. Retailleau était demeuré depuis lors un premier vice-président du conseil général très actif sur les principaux dossiers vendéens, notamment celui de la tempête Xynthia, obligeant peu à peu la majorité départementale à se scinder en deux camps.

"Il y a eu une scission entre les deux hommes forts du département qui étaient extrêmement complémentaires, qui ont travaillé ensemble depuis longtemps et qui depuis quelques mois avaient des divergences. On arrive à un résultat, une extrémité que personne ne souhaitait", a déclaré jeudi sur France Bleu Vendée le vice-président du conseil général, Gérard Villette.

La surprise semblait totale parmi les personnels du conseil général, moins parmi les élus.

Selon plusieurs acteurs politique locaux, une ultime et forte discussion entre les deux hommes en fin de semaine dernière, suivie d'un ultimatum à la démission de Philippe de Villiers, qui n'aurait alors pas obtenu un nombre suffisant de témoignages de confiance de ses pairs, aurait précipité sa décision.

"C'est son côté Cyrano, le côté qu'apprécient les gens qui l'aiment", a déclaré à l'AFP Alexandre Varaut, l'avocat de Philippe de Villiers, au sujet de la soudaineté de sa décision.

Les prochaines élections cantonales, en mars 2011, risquaient en outre fort de signifier la fin du règne de Philippe de Villiers si son dauphin se présentait contre lui. Et des duels fratricides, "villiéristes" versus "rétaillistes" auraient pu avoir lieu dans certains cantons.

Une analyse qui faisait dire jeudi au président du conseil régional des Pays-de-la-Loire Jacques Auxiette (PS), ancien maire de La-Roche-sur-Yon, que ce "serait peut-être une occasion pour les Vendéens de se rattrapper de la parenthèse villiériste" en votant à gauche aux prochaines cantonales.

Opposant politique de M. de Villiers, M. Auxiette a estimé néanmoins que son ancien adversaire avait "donné de la fierté aux Vendéens par ses actions".

Reste à connaître l'avenir du jeune retraité de 61 ans, qui demeure député européen, et cheville ouvrière de sa grande oeuvre, le Puy-du-Fou, 4e parc à thèmes français.

Au conseil général, la démission de M. de Villiers sera effective pour le 31 octobre. L'intérim de la présidence sera exercé par son premier vice-président, Bruno Retailleau, jusqu'à l'élection d'un nouveau conseiller général. L'assemblée pourra alors élire son nouveau président, jusqu'aux cantonales générales de mars 2011.

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