Friday, October 01, 2010

Le "scénario" du Puy du Fou ne se répète pas au Conseil Général

1 octobre 2010 06h00 | Par Patrick Guilloton

Villiers perd « sa » guerre

Philippe de Villiers a démissionné hier de la présidence du Conseil général. Le résultat d'une bataille de plusieurs mois avec son fils spirituel en politique.

 Derrière Philippe de Villiers, Bruno Retailleau, fils spirituel qui a eu le tort de vouloir sortir de son ombre.  archives pqr

Derrière Philippe de Villiers, Bruno Retailleau, fils spirituel qui a eu le tort de vouloir sortir de son ombre. archives pqr

«Le hobereau n'a pas supporté que son garde-chasse puisse un jour lui faire de l'ombre. Il en est mort. » Tel est le jugement lâché hier par une personnalité vendéenne à l'annonce de la démission de Philippe de Villiers du poste de président du Conseil général qu'il occupait depuis 1988.

Un coup de tonnerre à La Roche- sur-Yon et partout ailleurs lorsque hier matin, Villiers, fidèle à son personnage d'extraordinaire metteur en scène - au Puy du Fou, certes, en politique aussi, dans sa vie tout court -, a lancé son « message à tous les Vendéens ».

Un texte fort, remarquablement écrit, qui a donné des frissons à nombre de ses adversaires et arraché des larmes à la plupart de ses partisans, sur cette terre marquée par son Histoire.

Cette Histoire sur laquelle Villiers s'est appuyé pour créer « son » Puy du Fou, exceptionnelle réussite qui a fait de cet énarque saltimbanque, démissionnaire de la préfectorale au lendemain de l'élection de Mitterrand, le patron du département. Un patron ne supportant pas que la moindre tête dépasse dans son camp, là où les extrêmes se sont toujours côtoyés, depuis une droite traditionnelle pure et dure, proche des catholiques intégristes, jusqu'aux démocrates chrétiens ayant refusé de franchir le pas pouvant les conduire dans les bataillons de la gauche modérée.

La faute de Fillon !

Longtemps, donc, le chef Villiers a marché devant, les autres élus vendéens - hormis dans les rares îlots socialistes tels que la ville de La Roche-sur-Yon et le sud proche de Fontenay-le-Comte - lui emboîtant le pas.

Dès le début de son aventure vendéenne, Philippe de Villiers avait installé à la tête du Puy du Fou un jeune homme aussi discret qu'efficace que, peu après, il a appelé à ses côtés dans le vaisseau politique.

C'est ainsi que Bruno Retailleau s'est fait un nom avant de collectionner les mandats : bras droit au Conseil général, aujourd'hui sénateur, hier conseiller régional.

C'est dans cette collectivité régionale, à Nantes, qu'il a travaillé avec François Fillon, alors président des Pays de la Loire. Les deux hommes se sont appréciés à tel point qu'une fois à Matignon, Fillon a proposé à Retailleau d'entrer au gouvernement afin de s'occuper des nouvelles technologies. Première proposition refusée par… Philippe de Villiers, la seconde le mettant dans une noire colère. Jusqu'à aller taper à la porte de Sarkozy, empêchant ainsi Retailleau d'avoir accès à la lumière.

Fin du match

Le simple fait que celui-ci s'étonne d'une telle situation a été le déclencheur d'une guerre terrible avec son mentor. Lequel a multiplié les déclarations agressives (« Il me doit tout, c'est moi qui l'ai fait ») avant de pratiquer une politique de la terre brûlée.

Ainsi a-t-il exigé que Retailleau soit jeté hors les structures dirigeantes du Puy du Fou sinon il retirait son scénario et l'ensemble de ses créations. On a peine à croire, quand des témoins racontent près d'une année d'affrontements, à quel point Philippe de Villiers a pu chercher à démolir ce fils spirituel subitement devenu l'adversaire à abattre.

« On s'est demandé s'il n'avait pas pété un câble, cette affaire venant après de gros problèmes familiaux, un cancer de l'œil… » glisse un proche, au « Château », le Conseil général.

La vie du département a fini par en pâtir, créant chez nombre d'élus le doute, l'agacement et enfin, la colère. Et voilà comment, en fin de semaine dernière, alors que Retailleau n'avait pas caché qu'il s'opposerait à Villiers après le renouvellement de la moitié de l'assemblée, en mars prochain, le président a réclamé un vote de confiance. À main levée. Résultat, sur 27 votants, deux abstentions, 10 pro-Villiers, 15 pro-Retailleau. Fin du match.

Philippe de Villiers, dans son message, fait porter le chapeau de son départ à la réforme territoriale, à la fin de l'autonomie fiscale, à la substitution de « l'esprit du temps visionnaire » à « l'esprit du temps mécanicien ».

Nul n'est dupe, d'autant qu'il se dit parfaitement guéri après avoir « traversé son cancer au galop ». Il a ouvert les hostilités ; il a perdu ; il s'efface.

Commentaire de son vieil adversaire Jacques Auxiette, ancien maire PS de La Roche-sur-Yon, président de la Région : « Je l'ai eu au téléphone dans la matinée. Il était ému. À tel point qu'il m'a parlé d'amitié. Je retiens qu'il a donné sa fierté à la Vendée, qu'il a su en parler. Quant à Retailleau, futur président du Conseil général, ce n'est pour moi ni une alternance ni une alternative. »

Source Journal : SUD OUEST . fr

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