Tuesday, October 05, 2010

Pourquoi Philippe de Villiers quitte la scène politique

La démission surprise de Philippe de Villiers de la présidence du conseil général de Vendée sonne le glas du Mouvement pour la France (MPF) et met un terme à une aventure politique très personnelle engagée au début des années 1980. Et maintenant ? Quelle vie politique, à droite, après Villiers ?


La démission de Philippe de Villiers de la présidence du conseil général de Vendée (qu’il détenait depuis 1988) à compter du 31 octobre – ainsi que de son mandat de conseiller général – équivaut à une quasi-retraite politique et demande plusieurs degrés d’analyse. Il y a d’abord l’impression d’une page politique et humaine qui se tourne. Pour la génération de militants de droite à laquelle l’auteur de ces lignes appartient, celle qui a eu vingt ans dans les années 1990, Philippe de Villiers aura été la révélation politique de ces années-là – puisque le Front national était déjà un poids lourd de la droite française.

Le héraut de la lutte contre Maastricht, l’éditorialiste de « Combat pour les Valeurs », le candidat de 1’élection présidentielle de 1995 ne pouvait que nous intéresser. Et parfois nous séduire. Comme journaliste, nous avons vécu à ses côtés des soirées mémorables : celle où, allié à Charles Pasqua, il dépassa la liste RPR conduite par Nicolas Sarkozy aux européennes de 1999 ; celle où Patrick Buisson, qui était son conseiller, nous asséna une leçon de politique française, avenue de la Motte-Picquet, lors des européennes 2004 ; celle où, dans un Paris étrangement désert, nous célébrâmes, à proximité du Champ-de-Mars encore, la victoire du « non » au référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen, une victoire qui, paradoxalement, sonna le glas du souverainisme (même s’il faudrait en fait faire remonter son déclin à la réélection de Chirac en 2002) ; celle, enfin, où il prit conscience, après les 4,8 % des élections européennes de 2009 et des heures d’incertitude sur son élection ainsi que sur la possibilité d’atteindre le seul fatidique nécessaire pour obtenir le remboursement des frais de campagne, que Nicolas Sarkozy ne lui laisserait jamais aucun espace politique.

Cette démission inattendue met, quoi qu’il en dise, un terme à une carrière politique et militante débutée il y a quarante ans dans les eaux royalistes de l’Action française (même s’il l’a toujours nié) et poursuivie au Parti républicain à partir de 1985 jusqu’à sa rupture avec Alain Madelin et l’UDF en 1994. Selon Paul-Marie Coûteaux, qui fut très proche de Philippe de Villiers avant que celui-ci ne se refuse de lui redonner l’investiture du MPF aux élections européennes de 2009 et qui se dit « pas étonné » par l’annonce de son retrait, cette démission s’inscrit dans une logique humaine évidente car « Philippe de Villiers est un homme qui a une vie intérieure » : « Il y a chez lui beaucoup de poésie. Il a des attachements à l’histoire, à sa terre, il lit beaucoup. Il avait une lassitude. Il a raison d’écouter son appel intérieur. »

Villiers comme Le Pen : « Tu quoque mi fili »…

Bruno Retailleau

Ensuite, il y a l’explication vendéenne. Philippe de Villiers n’a été terrassé ni par la maladie, ni par ses mésaventures familiales, ni même par l’UMP mais par son propre dauphin, l’homme du bocage vendéen, le « jeune » (49 ans) sénateur de Vendée Bruno Retailleau, ex-MPF devenu divers droite après que son mentor lui avait interdit d’intégrer le gouvernement Fillon et l’avait écarté de la direction du Puy-du-Fou. Dans les couloirs du Sénat, depuis le printemps, Retailleau ne cachait pas ses objectifs : « Je vais le tuer politiquement. » Déjà aux élections régionales, les cantons contrôlés par Retailleau s’étaient abstenus, rejetant l’alliance UMP-MPF menée en Vendée par Antoine Chéreau, maire villieriste de Montaigu, entraînant la victoire historique mais en trompe-l’œil de la gauche en Vendée. Une manœuvre purement politicienne puisque Retailleau était et demeure, beaucoup plus que Villiers, favorable à cette alliance avec l’UMP.

Le conseil général de Vendée compte 31 membres dont 27 UMP, MPF et divers droite contre quatre élus de gauche. Pour être élu président du conseil général, il faut donc obtenir seize voix, et au premier tour virer en tête des candidats de droite avec quatorze voix. A force de recompter, le dernier week-end de septembre, Philippe de Villiers a compris qu’il n’aurait probablement pas ces quatorze voix en mars prochain, après le renouvellement de la moitié des cantons vendéens. Bruno Retailleau, actuel premier vice-président du conseil général de Vendée, allait très probablement l’emporter. Un camouflet que ne voulait pas risquer Philippe de Villiers. Il a donc préféré démissionner préalablement.

Une page de la Vendée, une des plus belle de son histoire, se tourne. Synonyme de réussite économique et d’exaltation de la mémoire régionale, elle ne peut qu’inspirer du respect face au travail accompli. Philippe de Villiers était paradoxalement le président de conseil général, institution jacobine et républicaine s’il en est, le plus connu de France.

Le FN, les Identitaires et le CNI à la manœuvre

Si, en Vendée, tout semble réglé, se pose désormais immanquablement la question de la succession nationale de Philippe de Villiers. Existe-t-il un espace politique pour une droite de gouvernement qui ne soit pas jacobine ? Assurément. Elle représente 5 à 7 % de l’électorat. Marine Le Pen lorgne dessus. Elle a même publié un communiqué dans ce sens, mais ses louanges adressées à Philippe de Villiers sonnent faux aux oreilles des supporters de Philippe de Villiers, le Front national ayant martelé – à tort ou à raison – depuis quinze ans que le MPF était un instrument du système utilisé contre lui.

Les sympathisants de Philippe de Villiers vont-ils pour autant se tourner vers le Bloc identitaire, régionaliste et […]

Lire la suite dans l’hebdomadaire Minute à paraître demain.


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